Rétrospective 2009 Formats ouverts et interopérabilité

Quatre saisons 2009 de formats ouverts et d'interopérabilité.

Les formats ouverts en permettant l'interopérabilité encouragent la diversification de l'écosystème logiciel. Cette ouverture n'est pas du goût des éditeurs de logiciels propriétaires et fera l'objet tout au long de l'année d'un lobbying intense destiné à préserver leurs situations de rente. Les attaques portent au plus haut niveau : État français avec la publication d'un référentiel général d'interopérabilité (RGI) pro-Microsoft, Europe avec la révision du cadre européen d'interopérabilité (EIF).

Au mois de janvier, dans un billet à forte teneur pédagogique, aKa présente IWB pour Interactive Whiteboard File Format, un format ouvert tableaux numériques interactifs . Dans l'Agenda du Libre en février, on fête les 10 ans du protocole XMPP sur lequel est basé la messagerie instantanée Jabber.

Au début du printemps, Thierry Stoehr nous explique en quoi le XML peut aussi être un piège. Dans une présentation remarquée dans le cadre du Nederland Open in Verbinding aux Pays Bas, le Lieutenant-Colonel Xavier Guimard revient sur le choix stratégique de communiquer uniquement par des protocoles ouverts et libres de droits (le document n'est malheureusement plus disponible en ligne à l'heure où nous écrivons). En mai Thierry Noisette s'interroge : « La gendarmerie et sa migration de grande ampleur vers les logiciels libres feront-elles école ? » Quelques semaines plus tard, le RGI est publié et Bertrand Lemaire dénonce les conséquences de la pluralité des normes bureautiques dans l'administration « pour les poches des contribuables ». Un mauvais coup donc pour les bénéfices attendus du RGI. Dans la torpeur de l'été, l'invention du terme datacide passe relativement inaperçue, peut être tout simplement parce qu'on n'a pas envie de penser que ça pourrait arriver. 01net nous met en garde : « attention à votre choix, il vous engage pour longtemps, très longtemps ».

Microsoft tente de redorer son image en ajoutant le support ODF par Microsoft dans Office 2007 mais l'ODF Alliance dénonce la piètre qualité de cette implémentation ; nos amis de Framasoft assurent la traduction. Les critiques pleuvent de toutes parts : « I was taught to never assume malice where incompetence would be the simpler explanation. But the degree of incompetence needed to explain SP2’s poor ODF support boggles the mind and leads me to further uncharitable thoughts. » Difficile dans ces conditions de faire confiance à Microsoft lorsqu'il annonce l'ouverture du format .pst d’Outlook.

Nojhan publie son affiche Formats Libres aux couleurs de l'automne et sous une double licence Creative Commons BY SA et Art Libre. En novembre, François Fillon signe l'arrêté validant la dernière version du RGI et confirme ainsi le cadeau du gouvernement français à Microsoft. Deux semaines plus tard circule un brouillon de l'EIF qui ôte toute mention du Logiciel Libre et confond « interopérabilité » et « compatibilité ». L'April contribue à dénoncer cette situation très préoccupante et rappelle qu'il n'y pas d'interopérabilité sans standards ouverts. Jean-Christophe Becquet, vice-président de l'April résume les lourdes inquiétudes qui pèsent sur ce dossier : « Entretenir au sein même du cadre européen d'interopérabilité la confusion entre interopérabilité et compatibilité, ou pire entre interopérabilité et monoculture, ne manquerait pas de piquant : c'est pourtant ce que nous fait craindre l'affirmation selon laquelle l'interopérabilité peut être atteinte sans ouverture, via par exemple l'homogénéité des systèmes d'informations. Cherche t-on à sacrifier le I de l'EIF sur l'autel des lobbies du logiciel propriétaire comme la France vient de le faire avec son RGI ? ».