Les logiciels libres aux JDLL Lyon 2014

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L'informatique libre

Le numérique libre pour tous.

Vincent Mabillot : Aux JDLL, donc les Journées du Logiciel Libre, ce sont des ateliers, des conférences et un village associatif.

Journaliste : Pour le grand public, Logiciel Libre ça veut dire quoi ?

Vincent Mabillot : Pour le grand public il nous revient que le Logiciel Libre ça veut dire un logiciel qui est gratuit. Mais pour plus d'informations, un Logiciel Libre c'est un logiciel qu'on peut utiliser à volonté, sans contrainte. C'est un logiciel dont on peut savoir ce qu'il y a dedans. On a le droit de connaître la composition, un petit peu comme quand on mange quelque chose, un produit alimentaire, on a le droit de savoir de quoi il est fait, eh bien là c'est la même chose. C'est un logiciel qu'on a le droit de modifier, ce qui est super intéressant notamment pour une entreprise qui veut créer son site web. C'est un logiciel qu'on a le droit de distribuer gratuitement, librement, ou, en le faisant payer et qu'on a le droit librement de diffuser. Donc ça veut dire que si j'ai un Logiciel Libre et qu'il me plaît, je peux le donner à toutes les personnes qui sont dans mon entourage. Elles peuvent l'utiliser sans la moindre contrainte, sans la moindre restriction.

Journaliste : En général, dans ce genre de réunion, Windows, les Big Brothers, on n'aime pas trop. Pourquoi ?

Vincent Mabillot : L’intérêt d'un Logiciel Libre c'est comme on sait ce qu'il y a dedans, on sait comment il fonctionne et comme on a le droit de le modifier, s'il fonctionne mal ou s'il y a un ingrédient qu'on n'aime pas, si un logiciel collecte des données personnelles sur notre façon de naviguer sur internet. Par exemple, je vais sur un site, je regarde, des photos, des photos de chaussures, etc, je ne vais pas recevoir systématiquement une publicité pour acheter des chaussures la semaine prochaine, parce que le Logiciel Libre ne se sera pas chargé d'analyser ma fréquentation, ma navigation, ce que je regarde et ce qui m'intéresse pour me faire des offres commerciales ou pour réduire ma vision du web à des offres commerciales, parce que quand je dis réduire, c'est que, lorsqu'on va faire une requête sur un moteur de recherche très connu, où il y a deux O entre deux G à l'intérieur de son nom, et bien systématiquement, quand vous faites une requête, vous allez voir que principalement on vous propose des sites qui sont à proximité de chez vous. C'est aussi une façon de vous inciter à aller consommer des choses que vous n'avez pas forcément voulues. Et c'est aussi une façon de réduire votre champ de vision parce qu'on vous donne des informations qui sont valables sur votre quartier en pensant que ce qui vous intéresse c'est votre quartier et vous ne voyez pas le reste du monde. Donc cette idée c'est que le Logiciel Libre permet de s'ouvrir vers d'autres logiques, vers d'autres environnements et de choisir ce qu'on veut faire et non pas simplement de valider ce qu'on nous propose.

Journaliste : Est-ce qu'il y a des nouveautés cette année ?

Vincent Mabillot : Vous avez par exemple le développement d'applications qui permettent d'avoir son propre, entre guillemets, nuage, son propre Cloud comme on dirait de façon moderne et avec un très mauvais accent. J'héberge mes données sur internet mais à un endroit de confiance, et cet endroit de confiance c'est qu'aujourd'hui on va avoir des applications libres qui permettent d’avoir son propre « drop boîte », qui permettent de déposer les fichiers qu'on veut partager avec ses amis, sans être obligé de passer par un service qui va épier nos pratiques, qui va épier nos comportements, et les revendre à notre insu à d’autres entreprises ou des services de renseignements qui voudraient savoir ce qui nous intéresse.

Journaliste : Rassurez-nous, ici ce n'est quand même pas un lieu pour les paranoïaques ?

Vincent Mabillot : Un paranoïaque aura tendance à se cacher, à renfermer ce qu'il fait, nous, le principe du Logiciel Libre, c'est d’être un logiciel qui est ouvert, on parle même d'open source à certains moments, donc on est véritablement dans cette logique d'ouverture.

Journaliste : Pour le grand public, comment il s'en sort ?

Vincent Mabillot : Installer un système Linux ça prend à peu près une demi-heure, et au bout d'une demi-heure on va avoir les principales applications qui sont prêtes à l’emploi, sur lesquelles il n'y a besoin que de cliquer pour que ça fonctionne, avec un environnement qui est ultra sécurisé. Quand je dis ultra sécurisé, c'est que c'est un environnement dans lequel on n'a pas besoin d'avoir d'antivirus parce que le système a un mode de fonctionnement qui le protège aujourd’hui des attaques de virus. On a un système qui est facile à mettre à jour parce que comme les logiciels sont libres et très souvent gratuits, quand il y a une nouvelle version, eh bien elle est automatiquement installée pour remplacer une version qui serait défaillante alors que quand on est dans une logique avec des applications qu'on a achetées ou qu'on aurait dû acheter, eh bien soit on paye la mise à jour soit on expose notre machine à être plus fragile.

Journaliste : Le plus dur c’est de se décider.

Vincent Mabillot : Le plus dur c'est de se décider. C'est parfois de dépasser une réticence qu'on peut avoir. C'est parfois, effectivement, les craintes justifiées qu'on peut avoir lorsqu’on a déjà, je dirais, un patrimoine numérique, nos photos de vacances, les choses qu'on est les seuls à avoir. Dans un premier temps le sauvegarder sur un support externe, un disque dur, une grosse clé USB, etc, et ça ce sont des choses qui se font relativement rapidement et pour lesquelles on peut trouver assez facilement de l'aide. Et puis, dans un deuxième temps, il va y avoir le fait de faire passer la machine du système qu'elle a aujourd'hui vers un système Linux. Et pour les gens qui auraient une réticence, qui auraient des petites inquiétudes parce qu'ils ne sont pas certains d’être compétents à 100 % sur ce genre de truc, il y a ce qu'on appelle des install-parties. Nous, l'ALDILL, on va faire cet accueil-là assez régulièrement dans différents endroits pour accueillir les publics qui vont venir avec leurs ordinateurs et puis on va les aider. Le trajet pour venir nous voir est souvent plus long que le temps de faire bouger leur ordinateur d'un environnement à l'autre.