Le verdict de l'affaire Microsoft commenté par Richard Stallman - Projet GNU - Fondation pour le Logiciel Libre (FLL/FSF)
Le verdict de l'affaire Microsoft
par Richard Stallman.
Traduction par Wolfgang Sourdeau.
[Anglais | Français]
Beaucoup d'utilisateurs de GNU/Linux prennent ce système pour un moyen de compétition face à Microsoft. Mais le mouvement pour le logiciel libre projette de résoudre un problème bien plus important que celui de Microsoft : celui des logiciels propriétaires, non-libres et conçus pour laisser les utilisateurs sans aide et empêcher la coopération. Microsoft est le plus gros développeur de ce type de logiciels mais beaucoup d'autres entreprises maltraitent la liberté des utilisateurs tout autant. Si ces entreprises n'ont pas pu rassembler autant d'utilisateurs autour d'eux que Microsoft, ce n'est pas faute d'avoir essayé.
Puisque Microsoft est seulement une partie du problème, sa défaite dans le procès anti-trust ne représente pas nécessairement une victoire pour le logiciel libre. Que l'issue de ce procès soit à l'avantage du logiciel libre et promeuve la liberté des utilisateurs dépend des remèdes spécifiques imposés à Microsoft par le juge.
Si les remèdes sont conçus dans l'esprit de permettre à d'autres entreprises d'offrir des logiciels propriétaires et non-libres, cela n'apportera rien de particulièrement bon au monde du libre. Avoir le choix entre différents maîtres, ne procure pas plus de liberté. De plus, la compétition pourrait leur permettre d'accomplir un « meilleur » travail au sens purement technique ; par conséquent cela pourrait être plus difficile pour nous de les « concurrencer » techniquement. Nous allons continuer d'offrir à l'utilisateur une chose que ces sociétés n'offrent pas : la liberté. Et les utilisateurs qui ont la liberté pour valeur continueront de choisir les logiciels libres pour cette raison. Mais les utilisateurs pour qui la liberté n'est pas importante et pour qui le choix d'un système est basé sur un aspect purement pratique pourraient être séduits à la place par des systèmes propriétaires « améliorés ».
La division de Microsoft en plusieurs sociétés pourrait aussi mettre le logiciel libre en danger car le public, prêt à condamner Microsoft, sera moins méfiant face à de plus petites sociétés. Elles pourraient voir une excellente occasion d'attaquer encore plus rudement le logiciel libre que le Microsoft unifié actuel ne le fait.
J'ai proposé des remèdes pour ce cas judiciaire qui pourraient aider le logiciel libre à concurrencer Microsoft : par exemple, imposer à Microsoft de publier la documentation de toutes les interfaces et de n'utiliser les brevets que comme moyen de défense et non d'attaque. Ces remèdes bloqueraient l'utilisation des armes que Microsoft compte employer contre nous (selon les « documents de l'Halloween » ayant fuit de chez Microsoft et qui décrivent la manière dont ils comptent mettre des bâtons dans les roues du développement du système GNU/Linux).
Lorsque nous verrons les remèdes que le juge choisira, nous aurons une idée de l'utilité ou du danger de ce procès pour le mouvement pour le logiciel libre.
Traduction : Wolfgang Sourdeau
Dernière mise-à-jour :
7 Mar 2000 neel