Je veux juste que ça marche - Pod404

Magali - Luc -  Manu

Titre : Pod404 - Je veux juste que ça marche.
Intervenant : Magali - Luc - Manu
Lieu : Studio April
Date : Septembre 2016
Durée : 14 min 05
Licence : Verbatim
Pour écouter ou télécharger le podcast

Description

Discussion autour de l’argument classique pour justifier l’argument du propriétaire : je veux juste que mon informatique marche.

Transcription

Luc : Pod404. Nous n’avions pas de titre la dernière fois. Nicolas en a trouvé un, il n’est pas là ce soir, mais voilà, le Pod 404, on a trouvé ça. Donc sans Nicolas, il y a Magali.

Magali : Bonjour Luc !

Luc : Manu 

Manu : Hello, hello !

Luc : Et moi, Luc, puisque Magali a dit : « Bonjour Luc », donc Luc c’est moi, par déduction. Aujourd’hui, on va prendre un sujet différent et c’est quoi ?

Manu : C’est le sujet qu’on rencontre assez régulièrement dans nos familles, dans nos entourages : « Moi ça marche sur mon ordinateur. J’ai un Windows, j’ai un Apple. Le truc fonctionne. Qu’est-ce que vous allez m’embêter à utiliser autre chose, moi, ça marche ! »

Luc : Ouais, et je veux que ça marche, quoi ! Le reste ! Pff !

Manu : Quelque part, il y a une attente là-derrière, c’est que le logiciel libre, ça ne marche pas. C’est cassé, ou il faut des compétences démesurées pour pouvoir y accéder. De toutes façons, sur mon ordinateur je n’y arriverai pas, qu’est-ce que vous allez me proposer de casser mon truc qui marche !

Luc : Il faut admettre, on va continuer à charger la barque, que le Libre ce n’est pas magique, qu’il y a des trucs qui marchent parfois pas très bien et surtout quand, effectivement, on est quelqu’un qui n’a pas du tout de compétences en informatique, pas le goût à ça, pas l’envie de bidouiller.

Manu : Pas le temps !

Luc : Pas le temps ! Et voilà, il y a quand même des choses, il faut le dire, mais comme ailleurs, en fait.

Magali : Et puis il y a l’image du libre aussi. Moi, la première fois que j’ai vu les libristes, ils ont des écrans noirs, ils font tout en ligne de commande. Mon côté petite libraire, la ligne de commande c’est juste du chinois pour moi ! Je ne me voyais pas du tout, totalement inexpérimentée, me lancer dans du libre.

Luc : Après ça tu as vu un peu les pires, mais bon !

Magali : Les meilleurs !

Luc : Oui. Enfin, c’est une question de point de vue ! Et méfie-toi, dire « moi je veux juste que ça marche », ça a quelque chose de légitime. Moi, quand j’ai un truc qui ne marche pas, ça m’énerve.

Luc : Mais moi aussi je veux que ça marche, mais ça ne m’empêche pas d’utiliser du Libre !

Luc : Effectivement. Premier truc déjà, et à l’époque où les libristes se battaient essentiellement contre Microsoft, avant l’arrivée des smartphones, avant la résurrection d’Apple, finalement le combat était assez facile parce qu’on disait : « Ah ouais, vous voulez que ça marche ? Eh, eh ! Regardez votre Windows 98, machin, qui plante à tour de bras, vos écrans bleus huit fois par jour. »

Manu : Ça c’était génial, il fallait apprendre à faire le Ctrl-Alt-Sup. C’était une sorte de position un peu bizarre pour rebooter son ordinateur.

Magali : D’ailleurs c’était la seule solution. : rebooter. On ouvrait son gestionnaire de tâches. Si ça ne marchait pas, pouf ! Alt-Sup et on repartait pour trois minutes d’attente que ça commence quoi !

Manu : L’expression c’est dans le doute, tu rebootes !

Luc : Dans le doute, reboote ! Ouais, effectivement ! Donc ça c’est un premier argument qui est de dire : « Eh bien ouais, mais regarde l’humanité qui utilisait un ordinateur, pendant facilement 15/20 ans, a fonctionné avec des machins qui ne marchaient pas du tout, ou très mal, beaucoup moins bien que ce qu’on avait dans le Libre et en tout cas, même par rapport à ce qu’on peut attendre d’un ordinateur. » Voilà ! Quand notre machin plante cinq fois par jour, eh bien non, ça ne s’appelle pas un truc qui marche !

Manu : Et il plantait vraiment de manière forte. J’ai vu et j’ai constaté de visu, moi-même, qu’on peut perdre du boulot avec ces outils-là. Régulièrement, quelqu’un était en train de taper un truc pendant deux heures et ça plante et très rapidement on prend des réflexes, le réflexe typique c’était de faire le Save, Ctrl-S, en permanence, dès qu’on avait fini une phrase, Ctrl-S pour être sûr qu’au moins il y avait une vague version qu’on pouvait récupérer. En tout cas, on pouvait prier pour qu’au prochain reboot on récupère ce qu’on était en train de faire.

Luc : Quand j’étais tout jeune, étudiant en stage, j’ai perdu mon travail à cause du Ctrl-S parce que je n’avais pas de poste fixe, on me dégageait tout le temps et donc je mettais tout mon travail sur une disquette. Et les disquettes, pour ceux qui n’ont pas connu ça, c’est assez fragile, ça a une durée de vie assez faible. Et comme le réseau pétait régulièrement et tout se plantait, c’était des Mac, je faisais des Ctrl-S à tour de bras, jusqu’au jour où ma disquette a pété et du coup j’ai perdu 50 % de mon boulot. Bref, c’est pour la petite histoire qui montre que voilà ! Cet argument, aujourd’hui il est petit peu passé, puisque aujourd’hui, il faut quand même admettre, Windows marche moins mal. Ça ne marche pas encore très bien. Je connais plein de gens qui ont Windows 10, plante à tour de bras.

Magali : A priori, ça ne pouvait pas être pire, on est d’accord ?

Luc : Si on peut toujours faire pire. C’est une constante et ça peut toujours être pire. Bon, il y a eu des progrès. Tous les utilisateurs d’Apple, côté ordinateur, que j’ai pu voir me disent qu’ils sont super contents, que leur truc est vachement fiable

Manu : C'est très stable.

Magali : Et joli.

Luc : Et c’est joli. Bon après, les téléphones portables !

Manu : Eh bien là, on peut constater le contraire. C’est du logiciel libre pour une grosse partie. Android est du logiciel libre et sur les téléphones portables, 80 % des cas, eh bien, si vous avez un bug, ce sera souvent sous Android. Il faudra rebooter, malheureusement, parce qu’on ne contrôle pas de manière aussi précise qu’un ordinateur.

Luc : Android, ça a quand même des grosses faiblesses, notamment toutes les surcouches des constructeurs, des machins qui alourdissent, qui rendent les machins un peu bourrins.

Manu : Qui sont horribles souvent !

Luc : Ce sont aussi des machines qui vont ralentir avec le temps, qui s’empâtent et ce n’est pas parfait. Mais en tout cas, ça marche à peu près bien et surtout, chose qui a été lancée par Apple, il faut bien lui reconnaître ça, ce sont les efforts qui ont été faits sur la partie utilisation, la partie interface. Et on a quand même des produits qui sont aujourd’hui bien pensés, beaucoup plus que ce que Microsoft pouvait faire. Microsoft était, par le passé, vraiment en mode bourrin, rouleau compresseur, on achète tout ce qui bouge et on éclate la gueule de tous nos concurrents ! C’était très brutal. Aujourd’hui, on est sur quelque chose où l’adversité face au Libre est beaucoup plus redoutable que ce qu’elle pouvait l’être par le passé.

Magali : Le problème avec Apple c’est qu’il n’a pas des utilisateurs, il a des consommateurs. C’est-à-dire que quand tu achètes un Apple, la première chose qu’on te demande « c’est quoi le numéro de ta carte bleue ? »

Luc : Sur le téléphone. Peut-être pas sur l’ordinateur, ça je ne sais pas, mais en tout cas sur le smartphone, sur l’iPhone, c’est le cas.

Magali : En tout cas il y a plein d’applis extraordinaires qui sont payantes !

Luc : Oui. Alors ça c’est sûr et certain. Mais même, moi j’ai rencontré des gens, des fans d’Apple qui disent : « Ouais, OK, ça me coûte des sous, mais au moins ça marche ! » Et qu’est-ce que tu veux répondre à ça ? Oui, ça marche. « Moi je suis prêt à faire tourner ma carte bancaire. » Et de ce qu’on m’a dit aussi, il y a une différencie importante entre le monde du mobile, donc les tablettes et les smartphones Apple, où là c’est obsolescence programmée, ce sont des gros trucs hyper brutaux pour que les gens consomment, consomment, consomment, et là c’est vraiment des vaches à lait et le monde de l’ordinateur où les gens qui sont sous Mac me disent que leur ordinateur ils l’utilisent depuis des années, que c’est fiable, que oui ils ont des frais, mais que ça reste accessible pour eux et puis qu’ils sont contents d’avoir un machin dans lequel ils puissent avoir confiance.

Magali : OK ! C’est cool ! Pour les ordinateurs c’est du bon matos, c’est kawaï, c’est super bien pensé. N’empêche que pour les téléphones, on a tous remarqué que dès qu’il y a un nouvel iPhone qui sort, bizarrement l’ancien, le précédent, est totalement ralenti, il y a des bugs qui arrivent et « allez, vas-y, achètes-en un nouveau, à 400 euros ! »

Manu : Ça c’est de l’obsolescence programmée et c’est souvent inclus dans les choses qui sont propriétaires parce que c’est de leur intérêt de faire en sorte que vous passiez à la suite, sans que ça vienne nécessairement d’eux. C’est-à-dire que vous repassez à la caisse, vous rachetez votre matériel, votre logiciel, vous refaites votre collection de disques, ça marchait aussi avec d’autres briques ! C’est de l’obsolescence programmée et ça Microsoft, Apple, ils adorent !

Luc : Apple, ce que tu dis Mag, me fait penser à un article que j’avais lu. C’est une universitaire américaine qui a fait une étude toute simple. Elle est allée regarder les recherches sur les moteurs de recherche, probablement Google, et sur des recherches « iPhone slow », elle a fait ensuite trois « Samsung slow ». Et elle s’est aperçue que sur « iPhone slow » il y a des pics monstrueux de recherches qui coïncident très exactement avec la sortie des nouveaux téléphones, chose qu’il n’y a pas, à priori, sur Android, ce qui prouve qu’effectivement, il y a une vraie politique de mise en panne des téléphones.

Magali : Oui, parce qu’Android ne fait pas le matériel contrairement à Apple. Donc ils n’ont aucun avantage à pénaliser leur système d’exploitation pour un nouveau modèle.

Manu : Ce qui est moche c’est qu’effectivement les consommateurs sont des victimes. Ils ont acheté quelque chose, ils sont rentrés dans une sorte d’univers ou des cages dorées pour Apple, je le présente de cette manière-là : c’est joli, c’est kawaï, c’est sexy, avec ça vous aurez un peu la classe dans la rue parce que vous pourrez sortir un beau matériel qui montre que vous avez du fric ! Clairement il y a ce côté-là, ça donne du sex-appeal, mais c’est une cage dorée. Une fois qu’on est rentré dedans, on rationalise, en fait, sa situation de prisonnier. On a une sorte de syndrome de Stockholm, c’est-à-dire que notre kidnappeur, eh bien on devient ami avec lui et on comprend son point de vue et on accepte son point de vue. On va même le défendre face à ce qui serait le monde réel, face à la police ou aux autorités et en fait, on accepte que notre enfermement soit rationnel. On le rationalise.

Luc : Un autre truc : Magali, tu disais qu’on était des consommateurs. Et effectivement, c’est ça. Un des arguments que je dis quand je parle de ces choses-là, je dis : « Oui, OK, même si le produit est bien pensé, il est pensé pour vous le vendre et pour s’assurer que vous dépensiez une certaine quantité d’argent, etc. Et donc vous êtes dans un système marketing, plus ou moins hostile, plus ou moins agressif, mais fondamentalement, c’est là pour vous soutirer de l’argent. Et pour mieux vous soutirer de l’argent, il faut vous contrôler, vous emmener là où on veut vous emmener. Ce n’est pas simplement vous faire payer, c’est également de vous emmener quelque part. »

Magali : De l’argent ou des données personnelles !

Luc : Ce qui est la même chose !

Magali : Vous avez vu le nombre d’applications qui sont proposées, qui disent qu’elles ont besoin de pouvoir atteindre la carte mémoire, les contacts, la localisation, tout quoi !

Luc : Ce que je dis c’est que les données personnelles, c’est en général pour exploiter, pour la pub et que la pub on la paye. Dans le film Demain, ils annoncent un chiffre de cinq cents dollars par personne et par an pour les données personnelles. Et donc, la pub on la paye puisque, évidemment, tous les frais publicitaires sont dans le prix des produits qu’on achète. Et donc je dis aux gens : « Vous avez l’impression que c’est gratuit, mais pas tant que ça en fait, parce qu’on paye au travers de ces trucs-là ». Et en plus de ça le logiciel, enfin les produits ils orientent pour qu’on fasse telle ou telle chose. Il va y avoir déjà des découpages, tel logiciel fait ça et ça, il faut acheter toute la suite, etc. il y a toute une tendance à aller vers les services. Microsoft le fait. Adobe le fait avec Photoshop, etc. J’ai un collègue que j’aime beaucoup, qui fait de la vidéo, il a son abonnement au machin de montage Adobe, c’est 25 euros par mois. Il me dit : « C’est comme un abonnement Internet ou un abonnement téléphone et tout ça, ça marche bien, etc. » Je veux bien croire que ça marche bien ! Mais je lui ai dit : « Moi, voilà, il y a des logiciels que j’utilise depuis dix ans. Si on met ça tout bout à bout, tes 25 euros par mois, dans dix ans, tu imagines la somme que tu vas avoir dépensée là-dedans, rien que d’un point de vue pognon ! »

Manu : Moi j’ai un autre point de vue. Cette différence, privateur/Libre, est quelque chose que je trouve de plus avantageux à long terme. Et c’est ça la différence justement, c’est le long terme. C’est que quand on fait du Libre, quand on utilise des logiciels libres, souvent, pas tout le temps, mais souvent, ils ne sont pas faits dans cette optique de simplicité de « on vous montre quelque chose de joli, qui vous donne envie de l’acheter là tout de suite et puis, ensuite, si vous l’abandonnez dans un coin, ce n’est pas grave. » Non ! Souvent ce sont des logiciels qui sont menés par des communautés, qui sont parfois réalisés par leurs utilisateurs, et vous pouvez y contribuer, c’est du logiciel libre, ça fait partie de cette optique-là. Souvent c’est un petit moins joli, ça fait un peu moins facile d’approche, le point de départ est un petit peu plus rugueux, il faut mettre un effort dedans, mais, à long terme, ce sont des efforts qui sont souvent plus gagnants, qui vont vraiment vous apporter quelque chose et qui vont même vous rendre plus efficace. Je pense, pas pour l’avoir utilisé, mais pour l’avoir constaté en regardant dans les communautés, à des logiciels de dessin en 3 dimensions, déjà très compliqués au départ.

Luc : Tu penses à Blender.

Manu : Je pense à Blender, carrément, qui vraiment est très rugueux d’approche, c’est le moins qu’on puisse dire !

Luc : Tout logiciel de 3D est très rugueux d’approche !

Manu : Bien sûr, mais avec plus ou moins de facilité. Il y a des logiciels qui sont vendus très cher, qui sont privateurs, et qui te proposent une prise en main assez simplifiée. Blender ce n’est pas le cas. Mais, Blender, c’est d’une efficacité rare : de tout ce que j’ai vu, tu obtiens tout de suite, enfin tout de suite, tu obtiens des résultats très rapides une fois que tu as cette maîtrise. L’approche au départ est compliquée.

Luc : Et tu travailles très vite avec Blender. Après, fonctionnellement, il y a quand même des trucs un petit peu en dessous ou alors plus compliqués à faire sur des fonctionnalités très pointues. Mais Blender évolue et avant d’arriver aux limites il suffit de regarder les films de la fondation Blender pour voir qu’on peut faire des choses vraiment balaises avec.

Manu : Sans oublier que, rebelote, pas d’obsolescence programmée du logiciel, les formats de fichiers ne vont pas forcément se casser de la même manière et les fonctionnalités, même l’apparence des fonctionnalités, je pense à Microsoft Office, par exemple : ils nous vendent que c’est la même suite, c’est un historique, vous passez de version en version facilement. Mais non ! Du tout ! Loin de là ! Il y a des formations qui sont nécessaires et le passage parfois, de version en version, est tellement disruptif, tellement révolutionnaire, on va dire, que ça révolte les utilisateurs, qui peuvent vraiment galérer pour faire cette évolution — alors qu’on peut rencontrer dans du logiciel libre, bien sûr, après tout c’est une façon de s’organiser — mais qu’on paye ! C’est-à-dire que quand on utilise du logiciel privateur, on a payé pour être dans ce système-là or le vendeur, une fois qu’il nous a captés, une fois qu’il nous a vraiment mis dans son cheptel, eh bien il nous utilise à son avantage et il casse notre façon de travailler, notre façon de vivre, alors qu’on paye.

Luc : Il y a un argument que j’utilise assez souvent. On connaît le fameux si c’est gratuit, c’est vous le produit, qui est l’élément face aux machins.

Manu : Aux GAFAM.

Luc : Une analogie que j’aime bien utiliser qui est de dire que le logiciel propriétaire, le monde propriétaire c’est un écosystème hostile dans lequel on est le gibier. C’est-à-dire que, d’une façon ou d’une autre, on nous attend au tournant et on est là pour nous tondre, dans le meilleur des cas.

Magali : Bêêê !

Luc : Voilà ! Alors que dans le monde du logiciel libre, dans l’informatique libre, ce n’est pas parfait, ce serait prétentieux de le dire.

Manu : Loin de là !

Luc : Mais, moi quand j’allume mon ordinateur à la maison c’est comme mettre ses pantoufles. Bon, moi je préfère être pieds-nus.

Magali : Moi ce que j’aime dans le monde du Libre, c’est « quand j’allume mon ordinateur ça prend dix secondes. » J’aime aussi dire, dans le monde du Libre, que « le Libre c’est comme les AMAP. » Tout le monde connaît les AMAP. Donc on nous propose des produits qui ne sont pas forcément aussi jolis, aussi ronds, aussi parfaits que dans les grandes surfaces. N’empêche qu’ils sont souvent meilleurs, on ne les trouve pas dans les commerces qu’on fréquente, il faut aller dans des endroits bien particuliers, mais en attendant on sait ce qu’on mange, on aime ce qu’on mange et c’est mieux ! Et le Libre c’est pareil !

Manu : Et on peut connaître le producteur, on peut être soi-même producteur. Le logiciel libre, n’oublions pas, on est tous à égalité les uns avec les autres. On est à égalité, alors pas forcément en compétences, mais en capacité. On a la capacité, légalement, de contribuer au logiciel libre, ce qui n’est pas du tout le cas. Pensez à Microsoft Office. Essayez d’aller faire la moindre modification dedans, mais ce n’est même pas la peine d’y penser. Déjà c’est interdit ! Ne serait-ce que ça, vous aurez du mal à aller plus loin. Et ensuite, les codes sources ne sont pas accessibles, et si vous y avez accès, eh bien vous êtes un méchant pirate !

Luc : Pour moi, l’argument pour conclure, pour moi la clef de voûte de mon argumentaire sur ces sujets-là, c’est de dire il y a une sérénité et il y a un plaisir et il y a le fait de se sentir à l’aise à la maison, dans le logiciel libre, qu’il n’y a pas ailleurs. Pour toi, Manu, c’est quoi le point central du Libre ?

Manu : Moi, c’est le long terme. Je peux utiliser un ordinateur sans avoir à réinstaller en permanence. Alors j’ai les compétences pour, je suis informaticien, mais je me suis vu avec des ordinateurs qui tenaient pendant six ans, où je faisais régulièrement des mises à jour, mais comme c’est prévu dans le monde du logiciel libre, j’utilise Debian.

Luc : Une pérennité quoi !

Manu : J’ai une pérennité et une tranquillité d’esprit de ce point de vue-là. Je ne réinstalle un ordinateur que quand j’en achète un nouveau.

Luc : Ça c’est vrai que ça ne marche pas mal face aux gens qui achètent un nouvel ordinateur parce que l’ancien ne marche pas. J’ai eu ça récemment sur un stand où la personne me dit : « Ouais, mon ordinateur il est vieux, il ne marche plus, il faut que je le change !

Manu : Il est lent !

Luc : Il est lent. Mais c’est le système d’exploitation. Installez quelque chose de nouveau. Même si vous remettiez le système d’exploitation initial pourri de Microsoft, déjà ça marcherait mieux. Mettez du libre, vous verrez que votre ordinateur aura une seconde jeunesse ! »

Magali : Moi j’aime le logiciel libre parce que, en tant que simple utilisatrice, je me sens actrice de mes logiciels. Parce que si c’est du Libre, je peux demander à ce qu’ils soient améliorés à des gens qui ont plus de compétences que moi. Je peux remonter des bugs. Je peux demander des améliorations, et souvent c’est suivi. Du coup, je ne suis pas juste passive, je suis active et actrice dans tout ce que je fais.

Luc : Très bien. Eh bien merci à vous deux.

Manu : Merci à une prochaine fois

Magali : Au revoir.