Comment fonctionnent les câbles sous-marins de l'Internet ? Jean-Luc Vuillemin

Câbles, Jan Messersmith

Titre : Comment fonctionnent les câbles sous-marins de l'Internet ?
Intervenant·e·s : Jean-Luc Vuillemin - François Sorel
Lieu : Émission De quoi j'me mail ?, 01net
Date : juin 2020
Durée : 30 min 38
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Licence de la transcription : Verbatim
Illustration : Câbles, Our First Marine Salvage Job, Jan Messersmith - Licence Creative Commons Attribution-Noncommercial-Share Alike 3.0 United States.
NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Description

Cette semaine François Sorel reçoit Jean-Luc Vuillemin, directeur réseaux et services internationaux chez Orange. Comment a "tenu" le réseau durant le confinement ? Comment fonctionne l'Internet mondial ? Quels rôles ont les câbles sous-marins dans le maillage du réseau alors que la demande des débits explose ? À quoi ressemblera l'Internet du futur ? Toutes les réponses avec notre invité, spécialiste du sujet.

Transcription

Voix off : RMC, 01tv, François Sorel, De quoi j'me mail ?

François Sorel : Le retour de De quoi j'me mail ? sur RMC le dimanche matin, vous le savez, et sur 01tv à la fois sur le Web, mais aussi sur la chaîne sur les box qui vous attend, sur les box SFR, Orange, Freebox aussi, puis sur satellite depuis quelque temps sur FRANSAT canal 81.
Merci en tout cas de nous voir ou de nous écouter. On va parler télécoms. On en parlait la semaine dernière, j´avais le plaisir de recevoir le directeur général de SFR. Cette fois-ci on va passer du côté de chez Orange avec un tout autre sujet. Vous savez qu’aujourd’hui si on a du haut débit, du très haut débit, si on peut discuter avec les US quasiment sans avoir de latence, si on peut parler avec l’Asie, si on peut avoir de belles qualités vidéo un peu partout dans le monde, si votre Netflix marche parfaitement, c’est évidemment grâce à la fibre optique, à la 4G, si vous avez un bon ADSL, mais ça marche aussi parce qu’il y a d’énormes capacités, d’énormes tuyaux, en quelque sorte, qui traversent les océans.
C´est un sujet passionnant qu’on va évoquer maintenant avec mon invité. Je suis très heureux d’accueillir Jean-Luc Vuillemin. Bonjour.

Jean-Luc Vuillemin : Bonjour François.

François Sorel : Vous êtes le directeur réseaux et services internationaux chez Orange

Jean-Luc Vuillemin : C’est tout à fait ça.

François Sorel : Vous allez nous expliquer votre métier qui, je disais, est fascinant. Votre métier, en autres, c’est de faire circuler des bateaux un peu partout dans le monde, en tout cas sur les océans pour, on va dire, augmenter la capacité réseau qui est exponentielle évidemment, les gens demandent de plus en plus de haut débit, les entreprises aussi. Votre job c’est, en quelque sorte ça, pas que ça, on va en parler.
Peut-être, avant de rentrer dans le vif du sujet, que vous nous expliquiez un petit peu quel est votre quotidien, j’aimerais qu’on revienne sur cette période un peu étonnante qu’on a vécue de confinement. J’ai le plaisir de vous suivre sur Twitter où vous donnez pas mal d’informations. Est-ce que le confinement a été une période assez délicate pour Orange ou, en tout en cas, une période qui fait réfléchir encore aujourd’hui l’entreprise ?

Jean-Luc Vuillemin : Définitivement, François.
D’abord les réseaux, et surtout les réseaux internationaux, sont un indicateur avancé de l'activité économique du pays et de l’activité de nos concitoyens tout court.
Ce qu’on a vu en particulier pendant cette période de confinement, c’est une baisse très importante du trafic sur les réseaux dédiés aux entreprises puisqu’elles étaient fermées et que leurs salariés n’étaient plus sur place et une bascule extrêmement importante de ce trafic vers les réseaux grand public, notamment vers l’Internet, et aussi vers la voix. On a tendance à oublier la voix, mais je peux vous dire que pendant la période du confinement le trafic de la voix a été multiplié par 2, même par 3 sur certaines destinations.

François Sorel : La bonne vieille voix avec le téléphone.

Jean-Luc Vuillemin : La bonne vieille voix avec le téléphone, eh bien oui parce qu’il y a des moments où c’est le moyen de communication privilégié.

François Sorel : Le plus robuste parfois.

Jean-Luc Vuillemin : Le plus facile à utiliser, donc on a vu un accroissement du trafic tout à fait important.
Dans notre rôle d’opérateur international, il a fallu adapter les capacités des réseaux pour faire en sorte que partout dans le monde, en toutes circonstances, les personnes ou les sites internet auxquels les Français souhaitaient accéder dans le cadre de leur confinement soient disponibles dans les meilleures conditions possibles de service.

François Sorel : Donc une bascule du gros du réseau vers les gens en fait, dans les appartements, dans les maisons ; une baisse importante dans les entreprises. Est-ce que ça change la manière dont est architecturé le réseau pour vous ?

Jean-Luc Vuillemin : En fait, ce qui s’est passé, c’est qu’on a dû réaliser ce qu’on appelle des upgrades, c’est-à-dire des augmentations de capacité dans des délais extrêmement courts. On a augmenté à peu près sur les réseaux internationaux — les réseaux internationaux ce sont de très, très gros tuyaux, on parle vraiment de plusieurs millions de fois de ce que vous avez sur votre domicile, sur la fibre optique de votre domicile — on a quand même dû augmenter les capacités sur des facteurs qui ont été de 30, 40, 50 et, je l’ai dit, sur la voix de plus de 200 %.

François Sorel : Là vous parlez du trafic on va dire intercontinental ?

Jean-Luc Vuillemin : Oui, du trafic international, c’est-à-dire tout ce qui sort du territoire métropolitain.
Pour faire ces opérations, il a fallu mettre en œuvre un certain nombre de moyens. Parfois c’est compliqué. Par exemple quand il faut augmenter la capacité sur les réseaux sur l’Atlantique, il faut réaliser une interconnexion sur ces câbles sous-marins, il faut réaliser une interconnexion à New-York, à Londres, il faut avoir des gens sur place, il faut coordonner tout ça.

François Sorel : Et pendant le confinement ce n’est pas forcément facile.

Jean-Luc Vuillemin : Pendant le confinement c’est extrêmement difficile.
Et puis c’est vrai que dans les réseaux, depuis quelques années, il y a ce qu’on appelle la virtualisation des fonctions réseaux, qui est la capacité à mettre en œuvre un certain nombre de choses dans les réseaux de façon logicielle et non plus de façon matérielle, hardware. Le confinement nous a permis de réaliser à quel point ce mode de « softwarisation » des réseaux, donc de transfert des réseaux vers des fonctions logicielles, était puissant, souple et réactif. On va être amenés, c’est un peu technique et je m’en excuse, à revoir très profondément l’architecture de nos réseaux de manière à faire en sorte que le maximum d’intelligence et de capacité soit porté par des logiciels qui sont assez facilement modifiables à distance et non plus par du matériel qui, lui, est très difficilement modifiable, upgradable ou, en tout cas, sur lequel les interventions restent toujours très complexes.

François Sorel : En gros, au lieu d’obliger quelqu’un à se déplacer pour appuyer sur des boutons, rajouter des trucs, des appareils, je ne sais pas quoi, quelqu’un à Paris, dans son cockpit, clique sur une icône et c’est réglé. C’est ça ? Je schématise.

Jean-Luc Vuillemin : On augmente la capacité à distance. C’est ça. L’idée c’est bien ça, absolument.

François Sorel : C’est dingue !
En préparant tout à l’heure cette interview vous me disiez que finalement c’est surtout le réseau fixe en France — là je parle sur le territoire national, j’imagine que c’était comme ça un petit peu partout dans le monde — qui a vu sa capacité augmenter et pas forcément la 4G.

Jean-Luc Vuillemin : Oui, bien évidemment, parce que les gens étaient chez et quand vous êtes chez vous, assez naturellement vous activez le wifi. Donc tout le trafic qui était normalement en mobilité sur les téléphones dans la rue, etc., et qui, dans la rue, utilisait majoritairement les réseaux mobiles, essentiellement aujourd’hui les réseaux 4G, a basculé sur le wifi, donc sur les réseaux fixes. Ce qui explique d’ailleurs aussi pourquoi tout le monde dit que les réseaux mobiles n’ont pas eu de problèmes parce que, finalement, ils étaient très peu chargés, en moyenne moins 40 % de trafic sur les réseaux mobiles. Par contre, ce trafic s’est reporté sur les réseaux fixes et c’est là eu qu’on a vu arriver cette vague de trafic dont je parlais précédemment.

François Sorel : Je pense que vous avez raison dans les grandes villes où la plupart des gens ont une très bonne connexion internet, mais on peut imaginer que des personnes qui ont un ADSL un peu fatigué et qui captent de la 4G étaient plutôt connectées en 4G.

Jean-Luc Vuillemin : Bien sûr. Mais quand on regarde au niveau statistique, la majeure partie des gens sont plutôt dans le cas de figure qu’on a évoqué précédemment.

François Sorel : Il y a eu des moments qui étaient compliqués durant ce confinement ? On a frôlé, par exemple, je ne sais pas, des incidents importants de réseau en France ? Comme des capacités EDF, parfois EDF dit, en plein mois d’août, il y a surconsommation, même l’hiver, on a failli frôler des problèmes.

Jean-Luc Vuillemin : On n’a pas frôlé d’incident important. Il faut savoir que les réseaux télécoms sont toujours dimensionnés sur une notion de pic. On dimensionne les réseaux pour l’usage maximum qu’on constate tout au long de l’année.

François Sorel : Même si ça n’est plus un pic, même si ça, devient on va dire, la normalité.

Jean-Luc Vuillemin : Même si ça n’est plus un pic parce qu’on ne sait jamais quand est-ce qu'un pic va arriver. Il y a des pics assez évidents, par exemple les retransmissions télé, les grands évènements sportifs, ça ce sont des pics. Il y a des pics plus souterrains mais qui ont une vague assez incroyable, c’est par exemple lesupgrades des jeux. Quand un grand jeu comme Fortnite met à jour ou lance une nouvelle version, tous les joueurs du monde entier téléchargent au même moment et vous avez une vague de trafic absolument incroyable qui déferle sur les réseaux.

François Sorel : En plus, ce sont plusieurs gigas ces mises à jour, ce n’est pas anodin.

Jean-Luc Vuillemin : Plusieurs gigas, absolument, c’est incroyablement simultané et ça dure quelques heures.

François Sorel : Ça vous le voyez dans votre cockpit ?

Jean-Luc Vuillemin : Bien sûr qu’on le voit. On le voit et on essaye même de l’anticiper parce que ce sont des flux assez majeurs.
On a toujours une marge de sécurité qui est, en gros, de l’ordre de 40 à 50 % de notre capacité.
Par contre, c’est vrai que quand le confinement a été prononcé, on a vu le trafic qui a monté très rapidement et on a été amenés à se poser la question : qu’est-ce qui va se passer si ça continue comme ça ? Et effectivement ça a continué comme ça ! Donc on a lancé des programmes d’augmentation de capacité de façon préventive extrêmement importants. Je peux vous dire que pendant les quatre premières semaines on n’a pas beaucoup dormi dans les équipes des réseaux internationaux et partout dans le monde, car on est vraiment partout dans le monde, on n’a pas beaucoup dormi, on a regardé comment évoluaient les réseaux et on a ajouté les capacités.

François Sorel : Le risque c’est quoi ?

Jean-Luc Vuillemin : Le risque c’est la saturation.

François Sorel : Si ça sature, qu’est ce qui se passe ? Ça va aller moins vite ou est-ce que, par exemple, le réseau peut s’effondrer ?

Jean-Luc Vuillemin : C’est une bonne question, ça dépend de l’importance de la saturation. Les gens ont le sentiment que l’Internet mondial est un réseau extrêmement stable, extrêmement solide. Je peux vous dire, pour y travailler chaque jour, que ce n’est pas vrai du tout. C’est un réseau qui est extrêmement sensible, les réseaux de protocole IP sont des réseaux relativement fragiles dans leur fonctionnement et quand une ressource devient très majoritairement inaccessible, eh bien il se crée des mécanismes de ré-essais, de re-tentatives automatiques. Il peut arriver ce qu’on appelle des tempêtes de signalisation, c‘est-à-dire que les éléments du réseau se mettent à communiquer « est-ce que tu arrives à joindre – non je n’y arrive pas, je réessaye, je réessaye », et on peut avoir à un moment où la signalisation du réseau devient tellement importante par rapport au trafic qu’on paralyse le réseau.
Donc il y a des tas de questions, il y a des tas d’études, il y a un certain nombre d’universités et de chercheurs qui travaillent sur la question qui est à partir de quel moment de saturation du réseau, on pourra effectivement avoir des atteintes majeures non seulement, évidemment, sur le lien considéré mais de façon systémique sur des plaques plus ou moins importantes.

François Sorel : Pour terminer avec le confinement, après on passera à autre chose, mais tout ce qui est, on va dire, streaming, SVOD, Netflix, Disney+, dont le lancement a été décalé d’ailleurs, myCANAL, Amazon Prime Vidéo.

Jean-Luc Vuillemin : Pas de beaucoup, 15 jours.

François Sorel : Oui mais quand même, 15 jours, et ça été une décision gouvernementale, parce que je ne suis pas sûr que Disney+ vous aurait écouté s’il n’y avait pas eu cette obligation de la part du gouvernement. Aujourd’hui, le tuyau de la vidéo en France, ça représente combien de l’Internet global ?

Jean-Luc Vuillemin : À peu près 60 %. À peu près 60 % du trafic international est représenté par de la vidéo.

François Sorel : Ce n’est pas bizarre quand on dit ça comme ça ? On n’a pas trouvé une autre solution, finalement, que de prendre 60 % de ce gros tuyau pour, en plus, transférer des fichiers, enfin de la vidéo dont on sait à peu près, j’imagine qu’on arrive à prédire que par exemple la nouvelle série La casa de papel va peut-être représenter 5 % de ces 60 ; YouTube, je ne sais pas, il y a une vidéo hyper-demandée qui va arriver, vous voyez ce que je veux dire ?

Jean-Luc Vuillemin : La vraie question pour moi ce n’est pas tellement la nature du trafic, que ce soit de la voix de la donnée ou de l’image, c’est sa localisation. Ce qui fait en fait l’importance des réseaux internationaux c’est que les gens accèdent à des contenus qui sont loin de chez eux.

François Sorel : Plus c’est loin, plus c’est grave ?

Jean-Luc Vuillemin : Plus c’est loin, plus ça prend de ressources sur l’Internet mondial. Il y a des cas où ça peut se comprendre, il y a des cas où on peut se poser plus de questions. Il y a des pays qui ont des politiques extrêmement strictes en matière de localisation des données et qui font en sorte que les données qui sont utilisées par leurs internautes soient localisées sur leur territoire. C’est le cas de la Chine depuis très longtemps, c’est le cas de la Russie.

François Sorel : Ce n’est pas que pour des raisons techniques, des raisons politiques aussi.

Jean-Luc Vuillemin : Pas que pour des raisons techniques, il y a aussi des raisons politiques ou des raisons de sécurité qu’on peut très bien comprendre, de souveraineté nationale aussi.

François Sorel : Politiques on comprend, on est d’accord ou pas, mais voila, ça c’est autre chose !

Jean-Luc Vuillemin : La Russie s’est aussi lancée dans des programmes de relocalisation des données sur le territoire russe. Il se trouve qu’en Europe nous sommes extrêmement dépendants de contenus qui sont stockés aux États-Unis.

François Sorel : Encore une industrie, en tout cas une technologie, dans laquelle on est dépendants.

Jean-Luc Vuillemin : On est dépendants, effectivement. On commence à voir un certain nombre d’initiatives pour privilégier de l’hébergement de contenus en France, mais aujourd’hui la très grande majorité de nos contenus reste encore localisée aux États-Unis et c’est ça qui fait qu’en fait ces réseaux internationaux sont tellement importants parce qu’il faut aller chercher les contenus.

Il y a des technologies, notamment ce qu’on appelle les caches, les CDN [Content Delivery Network)], etc., qui visent à rapprocher les contenus des utilisateurs.

François Sorel : Pour qu’on comprenne bien, je suis, je ne sais pas, je dis n’importe quoi à Ajaccio, j’appuie sur mon bouton Netflix pour regarder La casa de papel, le signal vient d’où ? Je ne vais pas vous demander d’où exactement, mais il va être où ? Il va être à Paris, à Marseille, en Corse ? Il sera à Los Angeles ?

Jean-Luc Vuillemin : Ça dépend vraiment des utilisateurs. Netflix est un cas un peu particulier. Les contenus étant français, Netflix a développé une politique de localisation des contenus en France. Par contre quand vous allez par exemple chez Google.

François Sorel : YouTube.

Jean-Luc Vuillemin : Ou YouTube, voilà. Vous êtes à Ajaccio, vous appuyez sur votre bouton, on va localiser le contenu, on va s’apercevoir que le contenu est aux États-Unis, donc vous allez remonter d’Ajaccio à Marseille, vous allez ensuite monter de Marseille à Paris, ça ce sont les réseaux nationaux. À Paris on va récupérer votre trafic. Et mon boulot, le travail en fait de la fonction opérateur de réseau international d’Orange, c’est de faire en sorte que dès que la ressource à laquelle vous voulez accéder n’est plus localisée en France — que ce soit un utilisateur téléphonique, que ce soit un site internet, que ce soit une vidéo — on puisse mettre en œuvre l’ensemble des moyens qui peuvent être des fibres optiques, qui peuvent être des câbles sous-marins, qui peuvent être du satellite, l’ensemble des moyens qui vont vous permettre d’accéder à cette ressource.

François Sorel : On reprend le cas de YouTube. YouTube n’a pas des caches en France avec les vidéos les plus populaires ? On est d’accord, quand même, je ne vais pas forcément aller prendre une vidéo à New-York chez Google.

Jean-Luc Vuillemin : Absolument. Bien sûr que non. Il y a quand même plusieurs éléments. D’abord, même si cette vidéo est populaire et qu’elle a été localisée en France, à un moment il aura bien fallu qu’elle traverse l’Atlantique, donc elle va forcément utiliser ce réseau international.

François Sorel : Mais une fois.

Jean-Luc Vuillemin : Une fois. Les caches ce sont des mécanismes dynamiques, donc tous les contenus ne peuvent être cachés en France. Les caches c’est très efficace, on a un ratio de 1 à 10 à peu près entre la capacité reçue du réseau international et la capacité délivrée localement. Mais quand on parle de plusieurs térabits de trafic, ça reste quand même des volumes considérables.

François Sorel : Votre métier. Vous, on l’a deviné, votre objectif c’est d’assurer la bonne continuité et la capacité réseau entre les continents. Pour ça il faut tirer les câbles sous la mer, il n’y a pas 36 solutions. Vous me disiez tout à l’heure, le premier câble date de quelle époque ?

Jean-Luc Vuillemin : Les câbles sous-marins, c’est une technologie qui est très ancienne. Le premier câble sous-marin date de 1850. Il a été tiré en 1850 entre la France et l’Angleterre.

François Sorel : France Angleterre, donc il traversait la Manche.

Jean-Luc Vuillemin : Il traversait la Manche. C’était quelque chose de très rudimentaire, c’était juste à l’époque un gros tuyau de cuivre avec un isolant. C’est d’ailleurs l’invention de l’isolant qui a permis de créer des câbles sous-marins.

François Sorel : Parce que sans cet isolant tout s’oxyde et ça ne marche pas.

Jean-Luc Vuillemin : C’est exactement ça. D’ailleurs l’invention du câble, la notion même de câble est très légèrement antérieure, elle date de 1834. C’est en 1834 qu’on a créé le premier câble, c’est von Siemens qui a créé le premier câble en 1834.

François Sorel : Siemens, qu’on connaît.

Jean-Luc Vuillemin : Absolument, qui a donné lieu après à des tas d’autres développements.

François Sorel : Merci à lui.

Jean-Luc Vuillemin : 1850, le premier câble sous-marin entre la France et l’Angleterre. Après ça a été très vite. Quand on regarde les cartes, on ne peut être qu’étonné. Dans les années 1900 il y avait déjà plusieurs centaines de câbles sous-marins à travers le monde et la France était d’ailleurs un très gros nœud d’accueil de câbles sous-marins.
Après, c’est une technologie qui a connu des hauts et des bas parce que, comme vous l’avez dit, tout ce qu’on pouvait passer sur les câbles sous-marins c’était du morse. Il y a des technologies qui sont apparues comme la radio. La radio permettait de passer la voix, donc, à un moment, il y a eu une concurrence entre la radio et les câbles sous-marins.

François Sorel : Entre les continents, entre les US et par exemple l’Europe, la radio ça marchait ?

Jean-Luc Vuillemin : Eh bien si ! En 1920, AT&T et les PTT français avaient mis en place un système de communication radio entre l’Angleterre — à côté de Rugby il y avait un émetteur qui faisait 500 mégawatts — et un émetteur situé à Terre-Neuve, et on passait de la radio sur l’Atlantique. Ça existait.

François Sorel : Incroyable, dingue. Il y a quoi. Il y a 5000 kilomètres, quelque chose comme ça ?

Jean-Luc Vuillemin : C’est ça- Il y avait une voie montante et une voie descendante, ce n’était pas donné, c’était de l’ordre de l’équivalent de 120 euros la minute, à peu près, mais ça marchait.

François Sorel : C’était le début du roaming finalement, c’est dingue !

Jean-Luc Vuillemin : En fait les câbles sous-marins ont repris un peu le dessus après la Deuxième Guerre mondiale puisqu’on a inventé le répéteur. Le répéteur c’est l’équipement qui permet de régénérer le signal à intervalles réguliers et qui a fini par permettre de transférer de la voix sur les câbles sous-marins.

François Sorel : Pour qu’on comprenne bien, si je tire un câble entre New-York et Brest, je dis n’importe quoi, si je ne mets pas de répéteur au milieu, il n’y a rien au bout en fait.

Jean-Luc Vuillemin : Le signal s’affaiblit et au bout d’un certain temps, effectivement, votre signal est très faible. C’est d’ailleurs pour ça que dans es premiers câbles sous-marins, avant l’invention du répéteur, on envoyait des tensions extrêmement puissantes pour que le courant arrive de l’autre côté.

François Sorel : Pour que ça arrive de l’autre côté. On est d’accord.

Jean-Luc Vuillemin : Il y a des câbles qui ont brûlé, qui ont cramé, parce qu’on a mis trop de tension.

François Sorel : On testait à l’époque.

Jean-Luc Vuillemin : Exactement.

François Sorel : Aujourd’hui combien y a-t-il de câbles qui circulent dans les océans, sous les océans ?

Jean-Luc Vuillemin : Je dirais à peu près 300-350 câbles, c’est très variable, on en installe tous les jours, on en enlève, on démonte également les plus anciens.
Ce qu’il faut surtout retenir c’est que 99 % du trafic intercontinental, toutes natures confondues, donc bien évidemment de l’Internet, passe par des câbles sous-marins. L’infrastructure de communication mondiale est, de façon extraordinairement majoritaire, dépendante des câbles sous-marins.

François Sorel : Et le pour cent qui reste c’est quoi ? C’est le satellite ?

Jean-Luc Vuillemin : Un tout petit peu de satellite. Le satellite a été un concurrent du câble sous-marin pendant plusieurs années jusqu’à l’invention de la fibre optique. Dès que les câbles sous-marins à fibre optique sont arrivés, ils ont présenté un bilan économique qui était tellement supérieur à celui des satellites qu’on a arrêté d’utiliser les satellites pour transférer massivement de la donnée.
Le satellite continue d’avoir un domaine d’utilisation qui est celui, évidemment, des zones dans lesquelles il n’y a pas de possibilité de câbles sous-marins. Aujourd’hui le satellite est très utilisé pour la mobilité : les navires, les trains, les voitures, les choses qui bougent, évidemment.

François Sorel : Les avions.

Jean-Luc Vuillemin : Les avions, bien évidemment, qui ne peuvent pas avoir de câbles, eh bien on va utiliser le satellite pour cette connectivité.

François Sorel : Un avion avec un câble ça serait compliqué.

Jean-Luc Vuillemin : Après il y a aussi des situations qui sont très propices à l’utilisation du satellite, ce sont toutes les notions d’intervention d’urgence. Par exemple La Croix Rouge, quand elle projette des équipes pour les catastrophes, etc., utilise du satellite. Les armées, également, quand elles font de la projection de force, utilisent le satellite. Il y a une instantanéité de la communication par satellite qui est très supérieure à celle qu’on peut faire avec des câbles.

François Sorel : Alors ces câbles, pour la plupart ce sont les opérateurs télécoms qui décident de les installer. J’imagine qu’il y a des accords entre les télécoms américains, français. Orange est un opérateur, c’est pour ça que vous êtes là aujourd’hui, c'est-à-dire que vous êtes le seul opérateur français à avoir toutes les installations, tout le matériel pour installer ces câbles, vous avez des bateaux, vous avez des chaluts.

Jean-Luc Vuillemin : Non, pas de chaluts, on ne fait pas de pêche, on ne s’est pas encore lancé dans la pêche.

François Sorel : Excusez-moi, je ne suis pas un spécialiste du vocabulaire marin, je suis désolé. Comment on appelle ces bateaux en fait ? Ils ont un nom particulier ?

Jean-Luc Vuillemin : Oui, bien sûr, ce sont des câbliers.

François Sorel : Des câbliers.

Jean-Luc Vuillemin : Des câbliers. En anglais CS, devant vous avez CS, ça veut dire cable ships, et vous avez également un autre type de navires, vous avez des navires de Survey, puisqu’un câble sous-marin est toujours fait sur mesure, un câble sous-marin sur étagère ça n’existe pas. On fabrique un câble sous-marin pour un parcours très précis, donc avant de lancer la fabrication, on va envoyer un navire qui va cartographier le fond, qui va cartographier les différentes routes et c’est sur la base de ces informations qu’on fabriquera ensuite le câble.

François Sorel : Et on pose un câble au fond de l’océan, comme ça.

Jean-Luc Vuillemin : Eh oui, on pose un câble au fond de l’océan, depuis des siècles maintenant.

François Sorel : À quelle profondeur ? Ça peut aller jusqu’à quelle profondeur ?

Jean-Luc Vuillemin : Jusqu’au fond de la mer. De mémoire, la plus grande profondeur marine c’est 11 000 et quelque chose, la fosse des Mariannes c’est 11 400 mètres, je crois. Il nous est arrivé de poser à moins 9000. Quand vous faites par exemple un transpacifique, quand vous arrivez depuis les États-Unis vers le Japon, vous avez une faille qui longe le Japon, elle est à moins 9000 mètres, il nous est arrivé de poser à moins 9000 mètres.

François Sorel : Et vous n’avez pas le choix.

Jean-Luc Vuillemin : Eh bien non ! Il faut poser au fond.

François Sorel : C’est incroyable ! Donc vous savez exactement où va tomber le câble ?

Jean-Luc Vuillemin : Non seulement on sait exactement mais c’est prévu à l’avance, il n’y a aucune latitude. On pose le câble où il est prévu.

François Sorel : Ça demande une cartographie incroyable des fonds sous-marins.

Jean-Luc Vuillemin : C’est ça. C’est pour ça qu’on a des navires spécialisés qui, avant la pose, vont faire un relevé extrêmement précis.

François Sorel : Ils scannent, en quelque sorte, les fonds sous-marins.

Jean-Luc Vuillemin : On sait où le câble est posé à 10 centimètres près.

François Sorel : Jean-Luc Vuillemin , ce qu’il y a aussi d’intéressant, je le disais tout à l’heure, les opérateurs télécoms installent ces câbles, mais maintenant il y a les GAFA, il y a Google, il y a Facebook, il y en a peut-être d’autres, je ne sais pas si Apple a prévu de tirer des câbles.

Jean-Luc Vuillemin : Pas à ma connaissance.

François Sorel : Est-ce qu’il faut s’en réjouir ou est-ce qu’il faut s’en inquiéter ?

Jean-Luc Vuillemin : Je ne sais pas s’il faut s’en réjouir ou s’il faut s’en inquiéter, mais c’est un état de fait. Et c’est un état de fait d’une importance considérable.
Comme vous l’avez dit, tous les GAFA ne sont pas intéressés par les câbles sous-marins. Ceux qui sont vraiment les plus actifs aujourd’hui ce sont Facebook et Google, Amazon un peu moins, Apple, à ma connaissance, n’a pas fait d’incursion dans le domaine des câbles sous-marins, Microsoft a fait quelques petites choses assez limitées.

François Sorel : Ils louent des capacités, on est d’accord.

Jean-Luc Vuillemin : Ils louent des capacités.

François Sorel : J’imagine qu’Amazon, avec son système de cloud, doit louer des capacités monstrueuses.

Jean-Luc Vuillemin : Absolument. Encore une fois, ce n’est pas parce que vous avez un besoin que vous décidez forcément de construire, vous pouvez aussi louer.

François Sorel : Oui, bien sûr. Après c’est une équation économique.

Jean-Luc Vuillemin : C’est une équation économique et stratégique. Quand je m’amuse à faire la somme de tous les investissements que Facebook a annoncés dans les câbles sous-marins, j’atteins un niveau d’investissement sur les trois dernières années qui est quand même de l‘ordre de quatre milliards de dollars. Quatre milliards de dollars ! C’est considérable !

François Sorel : L’objectif de Facebook c’est quoi ? À votre avis c’est d’avoir son propre réseau ? Mondial ?

Jean-Luc Vuillemin : Il y a plusieurs objectifs.
Le premier, évidemment, tous ces GAFA se sont lancés à l’origine dans les câbles sous-marins parce qu’ils avaient des besoins. Ils jugeaient plus efficace économiquement et stratégiquement de bénéficier de leurs propres infrastructures plutôt que d’être dépendants des opérateurs, donc il y a une vraie logique économique et une logique d’utilisation au quotidien. Après, c’est vrai que du coup ça change un peu leurs relations avec les opérateurs, donc je pense que ce n’est pas quelque chose qui leur déplaît non plus.

François Sorel : C’est une menace pour des opérateurs télécoms ou pas ?

Jean-Luc Vuillemin : Encore une fois c’est un état de fait.

François Sorel : Est-ce qu’on peut imaginer demain Facebook ou Google dire « merci Orange, merci beaucoup, bonne journée, j’ai tout ce qu’il me faut, je n’ai plus besoin de vos services », en tout cas, on va dire pour le réseau entre les continents.

Jean-Luc Vuillemin : Je dirais que personne n’est obligé d’utiliser les câbles sous-marins de quelqu’un d’autre. Pourquoi on tire nos propres câbles sous-marins ? C’est pour bénéficier d’une certaine indépendance en la matière. Même si Google et Facebook sont intéressés par les câbles sous-marins, ils ne sont pas intéressés par tous les câbles sous-marins. Par exemple quand on fait un câble entre l’Europe et les États-Unis oui, tout le monde est intéressé. Quand vous faites un câble pour relier la Martinique et la Guyane pour sécuriser le trafic internet de la Guyane, je peux vous assurer que les concurrents ou les amateurs ne se bousculent au portillon. Et s’il n’y avait pas quelqu’un comme Orange pour le faire !

François Sorel : Et là il y a des enjeux de souveraineté. On est d’accord.

Jean-Luc Vuillemin : Absolument. Nous avons posé l’année dernière un nouveau câble justement sur la Guyane pour sécuriser l’accès de la Guyane, nous en avons posé aussi un deuxième sur Mayotte pour les mêmes raisons.

François Sorel : Ça veut dire qu’il n’y a plus problème d’internet haut débit aujourd’hui dans les départements des DOM-TOM.

Jean-Luc Vuillemin : Je ne dirais pas ça, mais je dirais que la connectivité internationale, l’accès à la connectivité internationale pour les DOM – les TOM c’est une autre problématique, les TOM ont gardé la compétence dans les câbles sous-marins, ce sont eux qui gèrent leur truc –, mais pour les départements d’outre-mer, il n’y a pas de problème d’accès à la capacité internationale.

François Sorel : Martinique, Guadeloupe, Réunion.

Jean-Luc Vuillemin : Il n’y a pas de problème de résilience des câbles qui les connectent.

François Sorel : Dernière petite question, ça passe vite.
On voit là encore que certains GAFA se lancent à la conquête de l’espace. Elon Musk fait partir sa fusée pour envoyer des gens on ne sait pas où, peut-être sur Mars dans quelques années, mais on voit qu’il y a aussi toute une bataille de l’Internet par satellite, avec des satellites à basse orbite qui permettraient peut-être de couvrir le monde entier. Qu’est-ce que vous en pensez techniquement ? Est-ce que c’est quelque chose qu’Orange surveille ? Et troisièmement, est-ce que ça peut être l’Internet de demain et faire de l’ombre aux câbles que vous venez de nous présenter ?

Jean-Luc Vuillemin : Ce qu’il faut savoir c’est qu’on continue, dans le monde et chez Orange, à utiliser du satellite, on a encore une activité de satellite. Les avions d’Air France, par exemple, utilisent les réseaux satellites d’Orange et, pour un certain nombre de pays ou de projections, on utilise également des capacités satellites qui sont mises en œuvre par Orange.

François Sorel : Ce sont des satellites à très haute orbite, des géostationnaires.

Jean-Luc Vuillemin : Ce sont principalement des géostationnaires, pas exclusivement parce qu’on commence à utiliser des constellations. Le principe des constellations est quand même relativement simple. Pour qu’un satellite soit stable, il faut le mettre haut, il faut le mettre à plusieurs dizaines de milliers de kilomètres de hauteur, donc ça prend du temps. Si vous descendez ce satellite pour diminuer le délai d’accès à ce satellite.

François Sorel : Ce que tout le monde recherche.

Jean-Luc Vuillemin : Ce que tout le monde recherche, il n’est plus stable, il bouge par rapport à la position d’un observateur posé sur la Terre.

François Sorel : Il bouge pourquoi ? Parce qu’il y a des vents ?

Jean-Luc Vuillemin : Le fait qu’un satellite en très haute altitude, sur ce qu’on appelle une orbite géosynchrone, ne bouge pas, c’est simplement qu’il tourne, mais il tourne à la même vitesse que la Terre.

François Sorel : Donc il est immobile, en fait.

Jean-Luc Vuillemin : Il est immobile. Quand on le rapproche de la Terre, les orbites ne sont plus synchrones et il tourne plus vite que la Terre. Donc pour l’observateur qui est situé sur la surface terrestre, le satellite est à défilement.

François Sorel : C’est pour ça que pour les projets d’Internet par satellites à basse orbite, il faut des centaines voire des milliers de satellites.

Jean-Luc Vuillemin : C’est ça, il faut plusieurs satellites, et on va bouger de satellite en satellite pour assurer la couverture.

François Sorel : Vous y croyez ou pas à cette technologie ?

Jean-Luc Vuillemin : Moi j’y crois. Ça marche. Il existe déjà des constellations, pas de plusieurs milliers de satellites comme veut le faire par exemple SpaceX, mais de plusieurs dizaines, oui, ça existe aujourd’hui et c’est déjà utilisé.

François Sorel : C’est l’avenir de l’Internet dans le monde ou pas à votre avis ?

Jean-Luc Vuillemin : Je pense que c’est un mode d’utilisation qui est intéressant, qui peut répondre à certains besoins. Maintenant, ce sont quand même des systèmes qui posent des problèmes capacitaires. On ne sait pas égaler la capacité d’un câble sous-marin avec ce satellite.

François Sorel : Comme la 4G.

Jean-Luc Vuillemin : Et puis en plus, surtout, il y a une vraie question de modèle économique. Il ne faut pas oublier que la planète est composée à 66 % d’eau. Quand vous dépensez plusieurs centaines de milliards d’euros pour couvrir la Terre, 66 % de votre investissement couvre les poissons.

François Sorel : Oui, c’est ça. Après, ce qui fait rêver, c’est qu’on peut imaginer que 98 % de la planète pourrait être couvert en très haut débit. C’est ça qui est fascinant.

Jean-Luc Vuillemin : Absolument. Tout à fait.

François Sorel : Quand on y pense on se dit qu’avec un petit récepteur on pourrait avoir une connexion équivalente à celle que qu’on a à la maison.

Jean-Luc Vuillemin : Exactement. Et en mobilité. Le gros intérêt c’est surtout la mobilité.

François Sorel : Orange investit là-dedans ? Ce sont des investissements colossaux !

Jean-Luc Vuillemin : Ce sont des investissements colossaux. Nous utilisons déjà les services d’un certain nombre de constellations, encore une fois des constellations à très basse altitude avec plusieurs milliers ou centaines de satellites il n’y en a pas encore aujourd’hui sur le marché. Celle qui était la plus avancée s’appelait OneWeb, elle a fait faillite il n’y a pas longtemps. Je peux vous dire qu’on travaille par exemple avec SpaceX, on fait des tests avec eux, on a une collaboration qui est assez fructueuse.
Après, ces satellites, enfin ces constellations posent aussi des tas d’autres problèmes.

François Sorel : La pollution de l’espace ?

Jean-Luc Vuillemin : Exactement. C’est plusieurs milliers de satellites en orbite basse. Ce sont des satellites très simplifiés, etc., mais effectivement ça pose le problème de la pollution spatiale, de l’accès aux couches hautes, ça pose la question des fréquences qu’utilisent ces satellites. C’est une problématique qui est complexe mais qui est extrêmement intéressante.
Après, ça ne viendra pas en substitution, je ne crois pas à la capacité des satellites à substituer les câbles sous-marins. Ce sera un complément.

François Sorel : Ce sera une porte d’accès. Mais est-ce que ça viendra demain concurrencer la 4G ou la 5G par exemple ? Est-ce que demain avec ça, je suis dehors, je pourrais capter un satellite, rapidement ?

Jean-Luc Vuillemin : En termes de norme, la 5G est le premier réseau qui permet d’utiliser le satellite comme moyen d’accès à un cœur de réseau 5G. Donc vous pouvez faire de la 5G en utilisant un satellite et en ayant un téléphone satellitaire ; c’est prévu, ça peut se faire.

François Sorel : Donc la 5G pourra demain être diffusée par satellite.

Jean-Luc Vuillemin : Elle pourra partir d’un téléphone portable traditionnel et atterrir à l’autre bout sur un lien satellite. Oui, c’est possible en 5G.

François Sorel : C’est passionnant. Notre temps est fini. J’avais encore plein de questions mais ça sera peut-être pour une prochaine fois. C’est passionnant. Merci beaucoup Jean-Luc Vuillemin d’avoir été avec nous.

Jean-Luc Vuillemin : Avec plaisir, merci.

François Sorel : De quoi j’me mail est terminé. Merci de nous avoir suivis. On sera là bien sûr la semaine prochaine. Si vous voulez réagir sur les sujets qu’on vient d’évoquer le hashtag DQJMM sur Twitter vous attend ou bien sur la page de Facebook De quoi j’me mail.
Portez-vous bien, bon week-end et on sera là la semaine prochaine.