Le lama qui crache a été imaginé en réaction à des politiques qui trouvaient que l’April était parfois trop virulente dans ses communications. Alors qu’en réalité, elle faisait simplement son boulot face à des projets de qualité… très (très) discutables.
Logiciels libres de caisse menacés
L’édito de la Présidente
Depuis le 1ᵉʳ janvier 2018, toute personne utilisant un logiciel ou système de caisse doit détenir un document attestant ou certifiant de la conformité de son outil à la réglementation visant à lutter contre la fraude à la TVA. L’April a travaillé sur ce dossier pour étudier les dangers pour les logiciels libres de caisse. Je me souviens encore des discussions de l’époque, techniques et politiques.
Dans le nouveau projet de loi de finances 2025, tout ce travail est remis en question, car il y est demandé la suppression de l’attestation pour les logiciels de caisse, faisant de la certification la seule et unique possibilité.
D’abord à l’Assemblée avec l’amendement CF1556 de Christine Pirès Beaune (PS). Mais le rejet du projet de loi, dans son ensemble, à la fin des débats, a fait tomber cet amendement avec le reste.
Puis au Sénat, où pas moins de quatre amendements sont proposés… Dans la défense de son amendement, le groupe CRCE-Kanaky a évoqué le sujet des logiciels libres de caisse, contre lesquels il ne s’agit pas de «jeter l’opprobre». Ce qui ne règle pas le problème… mais a le mérite d’inscrire le sujet dans les débats.
Le gouvernement, pour une fois de notre côté, a émis un avis défavorable contre ces amendements. Ce qui signifie qu’il appelait à voter contre. Le ministre a interrogé les chiffres de la fraude mis en avant, évoqué la lourdeur du processus pour les petites entreprises et rappelé que la certification n’était pas une garantie contre la fraude. Il a enfin souligné qu’il s’agissait « d’un des chantiers les plus pertinents à creuser » et qu’il souhaitait y travailler avec les parlementaires et les « parties prenantes ».
La plupart des discussions sur le sujet se sont déroulées sur la mailing list du groupe Comptabilité ; l’April a organisé une visioconférence regroupant de nombreuses personnes, membres ou pas. Afin de souligner la menace qui pesait sur tout un écosystème libriste, une lettre ouverte a vu le jour, adressée aux sénateurices et à signer par le plus de monde possible.
La prochaine étape aurait dû être la commission mixte paritaire, dont le rôle est d’essayer d’aboutir à un texte de compromis entre les positions du Sénat et de l’Assemblée nationale.
Sauf qu’une motion de censure a provoqué la chute du gouvernement et qu’on en revient à la case départ, ou pas, enfin, on ne sait pas vraiment… Nous restons donc vigilant·es et allons profiter de ces discussions pour entrer en contact avec les parlementaires afin de leur expliquer ce que sont les logiciels libres et les risques d’une telle décision sur leur écosystème.
L’embarqué, c’est la manière d’écrire un logiciel et de voir physiquement comment il fonctionne. C’est une énorme opportunité pour toute personne qui se lance là-dedans, parce que, d’un côté, en quelques jours, on peut créer un produit qui marche. De l’autre côté, si on contribue à un des projets fréquemment utilisés, son logiciel peut tourner dans des milliards de devices, des milliards d’équipements assez facilement.Citation extraite de l'émission Libre à vous! n°227
Les licences ne sont pas importantes. FAUX!
Sans mention de licence, il faut obtenir une autorisation explicite pour chaque utilisation hormis quelques exceptions très restrictives. Comme écrit dans l’Expolibre de l’April, les licences libres permettent de garantir des libertés aux personnes utilisatrices d’œuvres
Les chiffres de la semaine
3200
C’est le nombre de lignes créées dans l’intégralité des douze pads et un calc (il a fallu faire une longue addition) qui ont permis la mise en place de cette campagne d’Adhésion.
Et plus de 600 mails envoyés.
Merci à toutes les personnes qui se sont impliquées: les bénévoles, les adhérentes, les plumes extérieures et toutes celles qui ont lu, relu et corrigé nos feuilles de chou ou ont testé les mots croisés! Merci.
Kézako?
Cet automne, l’April vous propose une gazette hebdomadaire en ligne, à lire et à partager librement. Vous y trouverez des articles de fond, des anecdotes, des dessins, des jeux… Tout peut arriver d’une semaine à l’autre alors, pour ne rien rater, suivez avec vigilance les mots-clics #CampagneApril2024 #LeLamaDéchaîné sur les réseaux sociaux ou abonnez-vous au flux RSS.
L'association April mène un important travail de promotion et de défense du logiciel libre, grâce à l’action de ses bénévoles et de son équipe salariée. Elle a fait le choix d’un financement basé sur la cotisation de ses membres et sur les dons afin de garantir son indépendance.
Ceux d’entre nous qui ne sont pas des numériciens sous-estiment peut-être à quel point Internet existe grâce à des protocoles ouverts, des standards ouverts qui n’appartiennent à personne, des logiciels libres, des données publiques, ouvertes, et 80 % de l’activité numérique et de la révolution numérique est fondée là-dessus .... j’aimais bien travailler avec les gens du logiciel libre, parce que c’était du meilleur code, parce que c’était une meilleure allocation des deniers publics, parce que ça permettait de créer des équipes plus ouvertes ; il y avait plein de raisons.Citation extraite de Libre à Lire!
Le logiciel de la semaine
Gitea est un service libre de forge : une plateforme collaborative en ligne de gestion de dépôts, ressources et contributions. Pratique pour partager les sources d’un logiciel ou les documents versionnés d’un projet et disposer de fonctionnalités complémentaires telles que la gestion de tickets, des pages wikis, outils de fusion, etc. Disponible sur chapril.org.
Enjamber des grillades
Lors du dernier Capitole du Libre, une conférencière aprilienne a utilisé l’expression “enjamber les grillades” à deux reprises dans sa conférence. Fermez-les yeux et laissez l’image apparaître sous vos paupières… Ça y est ? amusant, non?!
Notre équipe d’intrépides journalistes a investigué pour mieux comprendre et en a conclu que la conférencière voulait en fait parler d’enjamber des grillages, ce qui à défaut d’être nourrissant peut s’avérer dangereux.
Ministre au logiciel libre ou au Jurançon
Actu brûlante Le nouveau Premier ministre François Bayrou a nommé un membre de l’April, Olivier Berger, comme ministre du Logiciel Libre (ou du Jurançon)!
Avec comme première mission: apporter des logiciels libres et du Jurançon à toutes les administrations qui utilisent encore des logiciels privateurs. Nous lui souhaitons bon courage et levons nos verres en son honneur.
- Photo (CC BY-SA) prise lors de Solutions GNU/Linux 2007, François Bayrou avait visité le salon et Olivier Berger (à l’époque vice-président de l’April) lui avait parlé logiciels libres tout en lui offrant un verre de Jurançon :)
Réactions sur Mastodon
0 €!!!! Ce prix est scandaleux! Remboursez!!!! 🙂Merci pour ce super taf!
Pouet de Mathieu Godard le 11 décembre
Vous aussi, participez à la gazette, en nous envoyant des messages avec les mots-clic #CampagneApril2024 et #LeLamaDéchaîné. Cela paraîtra dans le numéro de remerciements.
Nos clients viennent nous chercher justement parce qu’on leur propose des solutions libres. Ils veulent pouvoir ne pas forcément être liés à un prestataire, avoir, bien évidemment, leur code et tout ce qui s’ensuit. Ça leur permet déjà d’avoir une réduction des coûts, même s’il y a une enveloppe budgétaire à mettre en place sur la mise en place d’un projet, derrière, il n’y a pas de frais de licence et ils peuvent être complètement autonomes. Donc, internaliser les compétences s’il y a le besoin ou faire appel à d’autres prestataires de services pour être le plus libres possible.Citation extraite de l'émission Libre à vous! n°227"
L’urgence de soutenir l’énergie du libre
Montée de l’extrémisme, catastrophes climatiques, crises politiques et sociales, guerres. Entre ces urgences, est-il encore raisonnable de consacrer de l’énergie au logiciel libre, aux communs numériques et culturels ? Ne devrait-on pas revoir nos priorités ?
Le raccourci est dangereux.
Ne faut-il pas au contraire revenir aux fondamentaux, réfléchir à l’infrastructure même de notre société ?
Contrairement à ce que nous serinent les magnats de l’industrie, la technologie n’est jamais neutre. Elle porte en elle sa propre idéologie. Par essence, l’extrême centralisation de nos outils Internet préfigure la centralisation d’un pouvoir autoritaire fasciste. L’ubiquité du modèle publicitaire rend la croissance et l’hyperconsommation incontournable. Ces deux piliers se rejoignent et se complètent dans la normalisation de l’espionnage technologique permanent.
Si nous voulons changer de direction, si nous voulons apprendre à limiter notre consommation des ressources naturelles, à écouter et respecter nos différences, à bâtir des compromis démocratiques, il est urgent et indispensable de nous attaquer à la racine : notre infrastructure de communication et d’échange. De libérer le réseau qui nous relie, qui relie nos données, nos échanges commerciaux, nos pensées, nos émotions.
Rejoindre un groupe anticapitalisme sur Facebook, poster des vidéos zéro déchet sur Instagram ou utiliser l’infrastructure Outlook pour les mails de son syndicat sont des actes qui participent activement à promouvoir, justifier et perpétuer le système qu’ils cherchent, naïvement, à dénoncer.
Ce n’est pas un hasard si les discussions sur le Fediverse et le réseau Mastodon parlent de cyclisme, d’écologie, de féminisme. Parce que la technologie libre et décentralisée porte sa propre idéologie. Parce qu’elle arrive à se maintenir, à effrayer les plus gros monopoles que le capitalisme ait jamais engendrés, et cela malgré le fait qu’elle ne tienne que grâce à des bouts de ficelle et l’énergie de quelques personnes sous-payées ou bénévoles.
Lorsque tout semble aller de travers, il faut se concentrer sur les racines, les fondamentaux. L’infrastructure, l’éducation. C’est pourquoi je pense que les actions de l’April, la Quadrature du Net, Framasoft, la Contre-voie et toutes les associations libristes ne sont pas simplement importantes.
Elles sont vitales, cruciales.
Le libre n’est pas un luxe, c’est une urgence absolue.
Ploum est auteur des livres Bikepunk, les chroniques du flash, Stagiaire au spatioport Omega 3000 et autres joyeusetés que nous réserve le futur et Printeur, Tous trois parus aux éditions PVH.
Cette gazette est là pour vous motiver à adhérer à l’April. Pour ce faire, il suffit de remplir le formulaire d’adhésion, https://www.april.org/adherer
Rejoindre aujourd’hui l’April n’engage pas à être actif ou active dans l’association, mais représente un soutien aux valeurs que nous défendons: l’éthique et la philosophie du logiciel libre. Mais si vous ne souhaitez pas devenir membre ou que vous l’êtes déjà, vous pouvez également faire un don sur le site En vente libre https://enventelibre.org/fr/dons/273-dons-april.html . Dans tous les cas, vous avez toute notre reconnaissance!
2CV
La 2CV comme parabole libriste
C’est l’histoire de deux libristes au volant d’une 2 CV. La 2 CV, c’est ce véhicule populaire qui a pris son essor dans les années 50. La mécanique était sobre et simple. En cas de souci, on pouvait ouvrir le capot et, pour peu qu’on ait des connaissances ou des camarades ayant quelques compétences mécaniques, on pouvait identifier le problème et bien souvent le régler. On est loin de cette personne qui n’ouvre pas la porte de sa Tesla pendant la mise à jour, car elle avait «lu sur Google» que cela pouvait abîmer la voiture.
Nos deux libristes sont donc derrière la ligne de départ d’une belle piste d’un circuit automobile. Notez bien que ces sympathiques personnes n’ont pas vraiment demandé à être là. Elles avaient plutôt prévu un pique-nique. À côté de la 2 CV, une formule 1 avec tous les chevaux qui vont bien à l’intérieur. Cette voiture va être pilotée par un GAFAM quelconque, prenez celui que vous voulez. La piste a, récemment et gracieusement, été refaite par ce GAFAM : les pneus larges accrochent bien mieux désormais, et les édiles venus voir la course ont le sourire aux lèvres. La piste toute neuve va profiter au territoire pour longtemps, et on mesure déjà un impact positif sur l’emploi ces derniers temps. C’est dire.
Le feu va bientôt passer au vert. Le suspens n’est absolument pas à son comble pour les 6 heures de course à venir. Même si vous n’avez jamais conduit une 2 CV ou une formule 1, vous savez déjà qui va gagner. Après tout, il y a des gens dont la motivation pour avancer dans la vie, c’est la «win». Être devant et laisser les gens dans le rétro loin derrière est leur raison de vivre. Et bien justement, ça tombe bien, car malgré les encouragements symphoniques du passager de la 2 CV: «chauffeuse, si t’es championne, appuiiiiieu, appuiiiiieu, chauffeuse, si t’es championne, appuie, appuie, su’l cham-piii-gnon!» et bien, la formule 1 «sèche» la 2 CV et la laisse effectivement comme un petit point dans l’horizon de sa caméra arrière. Vous noterez quand même que, pendant la première heure de course, la formule 1 se retrouve à son tour, à plusieurs reprises, dans le rétroviseur de la 2 CV. Bah oui, c’est le principe d’un circuit, c’est fait pour tourner en rond […]
La suite est à retrouver sur le site de l’April et vaut le détour comme image! On vous laisse découvrir et nous dire ce que vous en pensez.