L'assemblée nationale reçoit le 'Lutèce d'Or' de la personnalité de l'année

À l'occasion de l'évènement Paris Capitale du Libre ont été remis le 13 juin 2007 les « Lutèce d'Or ».

Les Lutèce d'Or ont pour objectif « de récompenser les meilleurs projets et actions dans le domaine des logiciels libres, en France et en Europe, dans différentes catégories : public, privé, communautaire, politique ». Le jury est composé d'une cinquantaine personnalités d'horizons variés dans le domaine du logiciel libre. Il y a 10 catégories cette année.

Cette année il y avait une nouvelle catégorie, la catégorie « Lutèce de la personnalité de l'année » qui vise à récompenser la personnalité qui a eu un engagement fort pour le logiciel libre. Le jury a choisi de remettre ce Lutèce d'Or à l'Assemblée nationale pour la décision de migrer les postes de travail des députés vers le logiciel libre.

Frédéric Couchet, délégué général de l'APRIL, a remis ce prix à un représentant de l'assemblée nationale lors du diner de remise des « Lutèce d'Or » dans les salons de l'Hôtel de Ville de Paris.

Voici le discours de remise du prix :

« L'an dernier deux services de l'État ont été récompensé pour leur choix des logiciels libres :

  • la Gendarmerie nationale, qui a généralisé l'utilisation de la suite bureautique OpenOffice et du navigateur Firefox dans l'ensemble de ses services, et a remporté à ce titre le Lutèce d'or de la meilleure stratégie logicielle.
  • la Direction Générale des Impôts, qui s'est vu remettre le Grand prix du jury pour son système de télédéclaration de l'impôt sur le revenu.

Cette année, une nouvelle catégorie a été créée pour récompenser la personnalité de l'année. Il s'agira d'une personnalité morale, puisque nous avons décidé de mettre à nouveau l'État à l'honneur et remettant un Lutèce d'Or à l'Assemblée nationale, dont le Président et les Questeurs ont décidé d'équiper le matériel informatique de la prochaine législature en logiciels libres.

Cette décision est tout d'abord historique, car c'est la première fois qu'une institution fait la bascule complète en faisant le choix d'utiliser des applications mais aussi un système d'exploitation libre. Les députés élus dimanche prochain et leurs collaborateurs à l'Assemblée utiliseront un système GNU/Linux, la suite OpenOffice et le navigateur Firefox, entre autres, pour leur travail quotidien. Espérons que, conformément aux engagements pris par l'ancien ministre de la Culture lors des débats sur la loi DADVSI (Droit d'auteur et droits voisins dans la société de l'information), les députés pourront utiliser un logiciel libre de lecture de contenus multimédia comme VLC (VideoLAN), primé il y a quelques minutes avec le « Lutèce d'Or du meilleur projet de développement libre réalisé ».

C'est ensuite un choix ambitieux, qui montre que malgré les déconvenues juridiques récentes, le Logiciel Libre a fait du chemin dans l'esprit de nos dirigeants. Il n'est plus considéré comme un concept obscur destiné à une poignée de geeks.

C'est un choix ambitieux car

  • d'un point de vue économique, le Président Debré et les Questeurs ont préféré l'investissement dans l'économie nationale à l'évasion fiscale pratiquée par Microsoft, ce qui est encore bien trop rare.
  • techniquement, c'est le choix de l'interopérabilité (l'Assemblée nationale devance ici la mise en oeuvre du RGI que nous attendons avec impatience). C'est aussi le choix de la stabilité et de la sécurité du système.
  • mais c'est plus particulièrement un choix politique, qui privilégie la maîtrise des technologies et le contrôle des données sensibles en interne plutôt que la sous-traitance de ces domaines stratégiques à des entreprises extra-européennes.

Enfin - et surtout - c'est un symbole très fort : l'Assemblée nationale, la Maison du Peuple souverain, ouvre la voie à l'émancipation du Parlement, et offre une reconnaissance au Logiciel Libre en général et aux compétences françaises en particulier. Nous comptons tous sur Alexandre Zapolsky et Linagora pour mener à bien ce projet avec les services de l'Assemblée nationale, et encourageons vivement d'autres institutions ou administrations, en France et en Europe, à suivre l'exemple de nos députés, tant pour la bonne gestion des deniers publics que pour la souveraineté des États sur leurs systèmes d'information.

Merci à Monsieur Jean-Louis Debré, ancien Président de l'Assemblée nationale, et à Messieurs Drut, Gaillard et Migaud, Questeurs, de montrer que le logiciel libre dans les institutions c'est possible, et surtout que c'est un choix d'avenir.

Cette migration est l'aboutissement d'une démarche « transpartisane », merci aussi à tous les députés qui ont contribué à cette décision, et tout particulièrement à Bernard Carayon et Richard Cazenave qui ont proposé à l'origine ce choix au Président et aux Questeurs. À Christian Paul, Patrick Bloche et Frédéric Dutoit qui ont participé à l'étude préalable. À Martine Billard qui a participé à sensibiliser ses collègues lors des débats sur la loi DADVSI.

Je suis donc très heureux de remettre à l'Assemblée nationale, représentée par Monsieur Eric Heitz, conseiller du président de l'assemblée nationale, ce Lutèce d'Or. »